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Urbex et l'échec des politiques de déconstruction

L’exploration urbaine, abrégée "Urbex", est une pratique consistant à visiter des lieux construits puis abandonnés ou mis de côté par l’Homme. Entre autres, son but est la capture d'une mise en scène artistique pour mettre en valeur ces lieux délaissés. Les lieux ne sont pas sencés être dégradés, les objets ne doivent pas être touchés, leurs localisations ne doivent pas être divulguées. La pratique de l'Urbex est illégale et présente des risques de mort. Ne reproduisez pas ça chez vous.

Au-delà du loisir de l’aventure et de la mise en valeur esthétique du bâti laissé à l’abandon, l’urbex met en valeur les problèmes sociétaux et politiques des édifices en fin de vie ou inutilisés par la société. La plupart des bâtiments se dégradent très rapidement après la fin de leur utilisation (à partir d’un an, les besoins de rénovation amplifient) et polluent leur environnement (la faune, la flore et l'humain avoisinant le lieu). Les problèmes sont de tout type : amiante, dégradation progressive des matériaux de construction, effondrement …

Pourquoi ne sommes-nous pas capables de déconstruire, de réhabiliter, de maintenir ou de transformer ces bâtiments ? Pourquoi n’accordons-nous pas aux habitants et à la nature environnante une utilisation pour le bien commun de ces lieux ? Au-delà de l’éthique, pourquoi n'est-il pas obligatoire de penser la fin de vie ou la flexibilité de l’utilisation de ces traces anthropiques passées ? Est-ce vraiment si peu rentable économiquement de travailler ces espaces en vue des retombées positives induites ?

Les urbexeur.euse.s montrent qu’aucun de ces lieux n'est sécurisé (ni complètement sécurisable), ce qui amène de nombreux accidents de jeunes ou amateurs pour quelques frissons. Dans le nord de la France, l’association « Stébane Urbex » créé suite à la mort durant une session d’urbex de Stébane Bail âgé de 14 ans, milite pour sensibiliser les jeunes aux risques de l’urbex et du parkour (pratique de franchissement d’obstacle urbain), mais « leur combat inclut (aussi) de revoir l’existence des friches dans les villes et d’amener à leur suppression »*. Au-delà de quelques années d’inutilisation, il devrait être obligatoire au propriétaire ou à la ville d’imposer une solution.

La réappropriation de ces lieux par les artistes-photographes et amateur.ice.s n’a pas nécessairement une intention de lutte politique, mais cela illustre une préférence des institutions de la non-considération de ces lieux, dont la raison principale est l’économie d’argent, au détriment des causes environnementales et sociales.

Imposition d’un plan de déconstruction ou de réhabilitation lors des phases de construction, taxation immobilière pour définir un fond au profit de la fin de vie du bâtiment, plan national de sécurisation et de réhabilitation des friches… Un tas de solutions sont sur la table, reste juste à avoir de l’ambition politique au niveau local et national, tout en liant ces solutions dans un monde en transition qui vise à l’utilisation restreinte d’énergies carbonées avant la fin du siècle.

* Mort de Stébane à Cambrai : une marche blanche pour sensibiliser aux risques de l’urbex - La Voix du Nord

Clément Blanquet du Chayla 7 août 2024
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